Mathieu Bouville

Défiscalisation, piège à ...

De nombreux placements bénéficient d'une défiscalisation, totale ou partielle. Les intérêts du livret A et du Livret de Développement Durable (LDD) par exemple ne sont pas du tout imposables. Sous certaines conditions, les gains sur le Plan Épargne Logement, l'assurance-vie et le Plan d'Épargne en Actions ne sont pas soumis à l'impôt sur le revenu. Un problème est justement que pour bénéficier de cette défiscalisation, il y a des conditions, qui vont du rigide à l'absurde.

L'épargne logement (CEL et PEL)

Le taux du Compte Épargne Logement (CEL) est égal seulement aux deux tiers du taux du livret A ; de plus il faut payer les prélèvements sociaux. Le taux net est donc d'environ 60 % du taux du livret A (actuellement moins de 0,45 % net). Soit un taux d'intérêt qui peut être inférieur à l'inflation pendant de longues périodes, ce qui signifie une perte de pouvoir d'achat. Cerise sur le gâteau, le solde minimum est de 300 € (contre deux boutons de culotte et un demi-radis pour les autres livrets).

Si le Plan Épargne Logement (PEL) est clôturé avant deux ans (et tout retrait du plan force sa clôture), le taux d'intérêt payé est celui du CEL. Après deux ans, c'est 1,8 % net. Le PEL a un minimum est de 225 € à l'ouverture, plus 540 € de dépôts par an (sinon les dépôts futurs sont interdits). Le problème est que les dépôts ne sont plus possibles après dix ans. Et après douze ans, le PEL perd sa défiscalisation. Il est donc bon d'ouvrir un PEL en avance, mais pas trop. Si vous savez exactement ce que vous ferez dans 10–12 ans, cette usine à gaz est faite pour vous. On peut noter que les mineurs ont le droit d'ouvrir un PEL, mais si on ouvre un PEL quand on a huit ans on ne pourra plus y déposer d'argent quand on aura dix-huit ans : on peut ainsi déposer de l'argent sur son PEL tant qu'on en a pas, pour ensuite devoir l'utiliser bien avant d'en avoir besoin.

L'assurance-vie

Pour bénéficier pleinement de la défiscalisation de l'assurance-vie en euros, il faut bloquer son argent pendant au moins huit ans. Sauf que l'assurance-vie en euros est en fait un placement de court terme. Ce sont des placements obligataires, or sur le long terme il est nécessaire d'avoir une substantielle allocation en actions. De plus, ils ont une garantie du capital nominal chaque année, ce qui est une mentalité de court terme. Les contrats en euros ne bénéficient d'une défiscalisation que si on les garde pendant au moins huit ans, c'est-à-dire que si on les utilise n'importe comment.

Vous faites ce que vous dit votre banque et ouvrez une assurance-vie en unités de compte dans cette banque. Vos 10 000 € initiaux deviennent immédiatement 9 500 € à cause de 5 % de frais sur cotisations. Le coût annuel de l'assurance-vie est de mettons 0,9 % de l'encours pour l'assureur plus 2 % pour le gestionnaire des unités de compte. Si les marchés gagnent 6 % par an, après dix ans votre gain net est de 2 500 € (soit 2,3 % par an). Félicitations ! vous avez fait aussi bien que le livret A. Sur un compte-titres ordinaire (qui ne bénéficie d'aucune défiscalisation), on peut investir sur les mêmes marchés pour environ 0,2 % par an. Pour une hausse des marchés de 6 %, votre gain net est dans les 5 000 € en dix ans, le double de l'assurance-vie ! Les assurances-vie en unités de compte que proposent les banques sont des placements défiscalisés, c'est-à-dire qu'ils transfèrent de l'argent des caisses du fisc vers les leurs.

Le Plan d'Épargne en Actions (PEA)

Si on a 20 000 € sur un PEA et besoin de 5 000 €, on doit fermer le PEA : c'est la seule façon de récupérer son argent. Sauf si le PEA a plus de huit ans, auquel cas le retrait est autorisé mais ensuite on ne peut plus remettre d'argent sur le PEA. Le PEA fonctionne donc selon deux modes : il y a les cas où il est impossible de retirer de l'argent et les cas où il est impossible d'en ajouter ; si vous voulez plus souple, on a aussi des poutres en acier.

D'autre part, comme son nom l'indique, le PEA est limité aux actions. On ne peut y investir en obligations. Sauf dans le cas d'OPCVM contenant aussi des actions. Les banques inventent donc des monstres comme des fonds monétaires contenant des actions pour être éligibles.

août 2015

HTML valide CSS valide