Mathieu Bouville

La diversification : Ne pas mettre
tous ses œufs dans le même panier

En matière de placement, une règle de base est de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Par exemple, pour investir en actions, on n'investit pas dans les actions d'une seule société, on diversifie en achetant des actions de dizaines ou de centaines d'entreprises.

Diversifiez vos actions à plusieurs niveaux

Imaginons que dans le but de diversifier vos placements en actions, vous avez investi dans dix compagnies aériennes. Si l'une d'entre elles connaît des problèmes avec une chute de son cours de 30 %, vous n'allez pas perdre 30 % de votre capital comme si vous n'aviez investi dans cette société, vous allez perdre 30 % d'un dixième de votre capital, soit à peine 3 %. C'est le principe de la diversification : en ne mettant pas tous vos œufs dans le même panier, vous réduisez les risques.

Mais que se passe-t-il si le transport aérien dans son ensemble est dans la tourmente (comme ce fut par exemple le cas après le 11 septembre 2001) ? Les actions de toutes les compagnies aériennes vont chuter. Votre diversification est alors inopérante. Il ne suffit pas de diversifier entre plusieurs entreprises si ces entreprises sont très similaires. Une bonne diversification nécessite d'investir dans des entreprises aussi différentes que possible.

Il faut éviter d'investir

Transformer un risque en dépense

Si vous possédez une obligation de 10 000 € qui paie 10 % d'intérêts sur un an et qui a une probabilité de 5 % de ne pas être remboursée, vous avez 95 % de chances d'avoir au final 11 000 € et 5 % de chances de tout perdre. En moyenne, 10 000 € deviennent 95 % × 11 000 € + 5 % × 0 € = 10 450 €. Donc, en moyenne vous y gagnez (4,5 % par an). Mais dans une telle situation la moyenne n'a guère de sens — vous ne gagnerez jamais 4,5 % par an : vous gagnerez 10 % ou bien vous perdrez tout.

Si, au lieu de ça, vous répartissez votre investissement sur 100 obligations de 100 €, chacune ayant un risque de défaut de 5 % et rapportant 10 % par an, 95 d'entre elles vaudront 110 € et 5 ne vaudront plus rien. Vous avez donc systématiquement un rendement de 4,5 %. Vous recevez 950 € d'intérêts et payez 500 € pour les défauts (ou un gestionnaire de fonds le fait pour vous), pour un gain net de 450 € — les défauts ne sont plus qu'une dépense.

Une obligation unique n'est pas un placement rapportant 4,5 % mais un placement rapportant 10 % quand il ne vous fait pas tout perdre. Avec un portefeuille d'obligations, vous avez un placement rapportant dans tous les cas 4,5 % (net du coût des défauts).

Comment diversifier en pratique

Pour investir en actions, on diversifie généralement en achetant des actions d'une dizaine d'entreprises. La théorie en voudrait beaucoup plus, mais en pratique pour les investissements directs, le nombre est assez limité. De plus, les investisseurs français ont tendance à se focaliser sur les entreprises françaises (sauf à la fin des années 90 quand ils faisaient du trampoline sur la bulle Internet aux États-Unis). Mais investir même dans chacune des 40 entreprises qui composent le CAC 40 (rares sont les investisseurs aussi zélés), c'est n'investir que dans 40 sociétés et seulement des sociétés françaises. C'est assez peu quantitativement, et très limité géographiquement.

Quand on achète des actions soi-même, on peut difficilement faire beaucoup mieux : investir dans des dizaines de sociétés multiplie les frais et complique la logistique, et acheter des actions américaines ou japonaises est compliqué et cher. Le plus simple pour investir de manière très bien diversifiée dans un contrat d'assurance-vie est d'utiliser des unités de compte. On peut ainsi en une transaction unique investir dans plusieurs centaines d'entreprises de la zone euro, ou même du monde entier.

août 2015

HTML valide CSS valide