La première fois qu'on vous a demandé combien vous vouliez gagner et quels risques vous étiez prêt à prendre, vous avez répondu que vous voulez le rendement de la bourse avec la volatilité du livret A. Et apparemment ça n'est pas possible. Votre objectif de gains et votre tolérance aux montagnes russes boursières ne sont pas compatibles. Le problème bien sûr est qu'un rendement plus élevé nécessite une allocation avec plus d'actions et donc de volatilité. Le rendement que vous voulez correspond à un risque trop élevé et le niveau de risque que vous tolérez ne donnera pas un rendement suffisant. Alors comment faire si vous ne pouvez avoir le beurre et l'argent du beurre ?

Révisez vos plans

Si la seule façon d'atteindre votre objectif requiert une allocation qui risque de perdre plusieurs milliers d'euros en cours de route, ce qui vous semble insupportable, manifestement vous devez changer quelque chose à vos plans pour réussir. Vous avez plusieurs possibilités :

• Vous pouvez envisager d'investir plus — Si placer 10 000 € ne suffit pas, vous pouvez envisager de placer 12 000 € : si vous avez 20 % de plus au départ vous aurez 20 % de plus à l'arrivée. Si vous n'avez pas l'argent maintenant, vous pouvez ajouter à votre placement régulièrement (par exemple tous les mois ou tous les trimestres).
• Vous pouvez envisager de réviser votre objectif à la baisse — C'est banal dans la vie courante : si le voyage ou l'appartement de vos rêves est bien trop cher pour vous, que faites-vous ? Vous en cherchez un qui soit plus abordable. Si le voyage ou l'appartement que vous rêviez d'acheter dans vingt ans est bien trop cher pour vous, choisissez-en un qui soit plus abordable. C'est exactement le même principe, mais avec vingt ans d'avance.
• Vous pouvez envisager de rallonger l'investissement — 10 000 € placés à 5 % par an vaudront 26 500 € après vingt ans mais 34 000 € après vingt-cinq ans.
• Vous pouvez envisager d'accepter une plus grande volatilité — Est-ce plaisant ? Non, mais c'est une possibilité.

Notez que sont justement là les curseurs qu'on vous demande d'ajuster pour spécifier votre investissement. Tous ne sont pas toujours négociables bien sûr : si vous voulez financer les études de vos enfants vous ne pouvez pas attendre qu'ils aient 25 ans pour avoir l'argent par exemple.

Prenons un exemple

Vous avez 10 000 € et voulez acheter dans vingt ans un bien valant aujourd'hui 35 000 €. Pour atteindre votre objectif, vous avez besoin de gagner 6,5 % par an après inflation et net de frais et d'impôts. Ce rendement est tellement élevé que même un placement purement en actions serait loin d'être sûr de l'atteindre. Vous devez sacrément reconsidérer votre plan.

Vous avez tenté le coup mais manifestement vous avez vu trop grand. Vous décidez donc de placer vos 10 000 € pour obtenir dans vingt ans 35 000 € en euros d'aujourd'hui (voir "Objectif financier et inflation" sur la différence entre fixer un objectif sur le prix actuel et le prix dans vingt ans). Votre tolérance au risque correspond à un placement rapportant environ 4,5 % par an, sauf que pour atteindre votre objectif, vous avez besoin de 6,5 % par an.

Au lieu de placer 10 000 € à 4,5 % pour obtenir 35 000 € dans vingt ans, vous devez augmenter le montant investi, réduire l'objectif, augmenter la durée ou augmenter votre tolérance au risque. Concrètement, vous devez placer 14 500 € ou réduire votre objectif à 24 000 € ou attendre 28,5 ans ou gagner 6,5 % par an.

Ou bien vous faites un peu des quatre : vous placez 11 000 € à 5 % pour obtenir 32 000 € dans vingt-deux ans. En grignotant un peu partout, vous n'avez pas besoin d'augmenter de moitié votre mise de départ ou la durée, ni de réduire d'un tiers votre objectif. Et vous avez réussi à atteindre (sans changement radical) un objectif qui semblait hors de portée.

août 2015