On fait généralement attention à combien on paie de prélèvements sociaux et d'impôts sur ses placements (d'où le business de la défiscalisation). Mais ça n'est pas tout ce qui compte. Quand on les paie fait aussi une différence : payer annuellement (comme sur les livrets d'épargne et l'assurance-vie en euros) ou bien à la fin (placements en actions par exemple) n'est pas la même chose.
Sur un compte sur livret (un livret d'épargne fiscalisé), les intérêts sont assujettis aux prélèvements sociaux (15,5 %) et à l'impôt sur le revenu. Si vous payez forfaitairement 24 % pour ce dernier, vous paierez environ 40 % sur les intérêts. (Certains paieront plus, d'autres moins, mais le principe général reste le même.) Si vous placez 10 000 € sur un compte sur livret à un taux (sans doute promotionnel) de 5 %, vous aurez 500 € d'intérêts bruts, mais seulement 300 € net (soit un taux net de 3 %). (Sur une assurance-vie en euros, il peut ne pas y avoir d'impôts, mais vous ne toucherez pas 5 % annuels non plus.)
Si vous laissez ces 300 € sur le livret, vos 10 300 € vous rapporteront 309 € d'intérêts l'année suivante. À un taux net de 3 %, vos 10 000 € vous rapporteront 14 300 € net en trente ans. Les intérêts simples rapportent 30 × 300 € = 9 000 €, et la composition des intérêts ajoute 5 300 €.
Notez que si l'inflation est de 2,3 %, les prix auront doublé en trente ans. Ce qui coûtait 10 000 € coûte désormais 20 000 € ; votre capital de 24 300 € ne représente donc qu'un gain de pouvoir d'achat d'environ 21 %.
Si les prélèvements sociaux et l'impôt sur le revenu ne sont payés qu'au bout de trente ans, c'est au taux de 5 % que les rendements seront composés. À ce taux, 10 000 € vous rapporteront 33 200 € brut en trente ans. Si vous payez alors 40 % de prélèvements sociaux et d'impôt sur le revenu, il vous restera 20 000 € net. C'est le gain qu'on obtiendrait en composant sur trente ans un rendement annuel net de 3,75 %.
Avec l'inflation, ce qui coûtait 10 000 € coûte désormais 20 000 € ; votre capital de 30 000 € correspond donc à un gain de pouvoir d'achat de 50 %. Ça fait 2,3 fois plus que quand vous payez des impôts annuellement (au même taux).
Quand on paie les prélèvements sociaux (et dans certains cas l'impôt sur le revenu) sur les intérêts de l'année (cas des livrets d'épargne et des assurances-vie en euros) on peut vraiment dire qu'on touche 5 % brut et 3 % net, parce que c'est à ce dernier taux que les intérêts seront composés. En revanche, quand la fiscalité n'arrive qu'après trente ans, c'est comme si les rendements avaient été composés à un taux net de 3,75 %.
août 2015