La bourse fait peur à cause des krachs, des dévissages, des chutes de cours et autres drawdowns. Les bourses mondiales ont par exemple perdu une dizaine de pourcents en août 2015. De telles corrections sont fréquentes (environ une fois par an).
Les grosses chutes boursières, les krachs, sont nettement plus rares. Le krach de 1929 est sans doute la catastrophe boursière la plus tristement célèbre de l'histoire : la bourse américaine a dégringolé en 1929, s'est reprise un peu pour redégringoler de plus belle en 1930, et dégringoler encore une fois en 1931 et début 1932. Les actions ont perdu les trois quarts de leur pouvoir d'achat, c'est-à-dire une division par quatre de leur valeur. Ça fait quand même un peu plus peur que le train fantôme.
Et pourtant... la catastrophe boursière par excellence n'a pas eu de telles conséquences à long terme. Les chiffres avancés sont toujours du plus haut au plus bas. Ils ne sont pertinents que si vous avez acheté précisément au sommet de la bulle et vendu exactement au plus bas. Si vous avez réussi à faire ça, vous mériteriez presque une médaille. Dans la vraie vie, d'une part on n'achète pas exactement au plus haut et on ne vend pas pile au plus bas. D'autre part, on n'achète et ne vend pas tout d'un coup, mais au fur et à mesure, on achète donc un peu au plus haut et un peu au plus bas.
La figure ci-dessous montre combien les chiffres sont artificiels. Si on avait acheté un an avant le pic et vendu un an après le plus bas, la perte aurait été d'une dizaine de pourcents — pour un placement purement en actions pendant le pire krach de l'histoire du pays. Et avec un portefeuille aux trois-quarts en actions (pas franchement un placement de mauviette) sur 1928–1933 il y a eu un léger gain de pouvoir d'achat. Globalement les portefeuilles majoritairement en actions ont beaucoup perdu entre le plus haut et le plus bas (période 1929–1932, barres foncées), mais pas tant que ça (ou pas du tout) entre 1928 et 1933 (barres claires).
Figure : Les chutes de cours aux États-Unis sur les périodes 1929–1932 et 1928–1933, en fonction de l'allocation en actions.
Est-ce que le krach a eu de graves conséquences à long terme pour les investisseurs ? Oui, pour ceux qui ont pris peur et tout vendu. Quant aux autres, s'ils n'ont pas sabré le champagne, ils n'ont pas tout perdu non plus (en tout cas financièrement : ils ont peut-être perdu le sommeil). Les krachs sont très effrayants parce qu'ils sont très violents, mais comme ils sont aussi de courte durée ils ne sont pas si dangereux qu'on pourrait le croire pour les investisseurs de long terme.
août 2015