La bourse de Shanghai a perdu plus d'un quart de sa valeur en dix jours fin août 2015 (et plus de 40 % sur l'été). C'est un krach majeur pour les investisseurs chinois n'ayant pas diversifié internationalement (ou pour les occidentaux qui ont tout misé sur la Chine). Mais les autres bourses s'en sont mieux tirées. L'indice américain S&P 500 a perdu 11 % en une semaine, entre les mardis 18 et 25 août, et l'indice européen EuroStoxx 50 a perdu 13 % fin août. Globalement les bourses mondiales ont perdu environ 10 % (indice MSCI Monde). Il ne s'agit pas d'un krach, mais simplement d'une correction boursière (une petite chute des cours). De telles corrections sont fréquentes (il y en a en moyenne une par an).
Il faut d'abord remarquer qu'il s'agit là de chutes entre le point le plus haut et le point le plus bas. Quelques jours plus tard, l'indice S&P 500 était un peu remonté et ne perdait plus que 7 % par exemple. Les chiffres annoncés par les médias pour les chutes des cours de la bourse sont les plus gros chiffres possible, pas les plus significatifs.
Rappelez-vous aussi que vous n'avez pas tout votre argent en actions. Si la bourse perd 10 %, vous ne perdrez pas 10 %. Il faut regarder ce qui se passe sur l'ensemble de vos placements, pas sur une seule composante. Si vous avez placé 10 000 € à 50 % en actions, vous allez perdre 10 % de 50 % de 10 000 €, soit 500 € (et quelques semaines plus tard, les cours seront remontés un peu et votre perte aura peut-être baissé de moitié).
De plus, ces petites chutes de cours n'auront pas de grosses conséquences sur le long terme. Si vous placez votre argent pour la retraite, soit sur vingt ou trente ans, une chute d'une dizaine de pourcents en cours de route ne va pas vous empêcher de prendre votre retraite. Quand on dit que les actions rapportent environ 6 % de pouvoir d'achat par an en moyenne (avant frais et impôts), ça inclut les chutes de cours ; donc le reste du temps la bourse gagne plus de 6 %, et l'un dans l'autre la moyenne annuelle est dans les 6 %.
Si c'est la première fois que vous placez de l'argent en bourse, une perte (ne serait-ce que quelques centaines d'euros) fait toujours bizarre — ça n'est pas quelque chose qui vous arrivait sur un livret A ou une assurance-vie en euros. Si cette perte de 500 € dans mon exemple vous fait peur et risque de vous pousser à vous retirer du marché boursier, voici deux conseils pratiques pour vous.
D'abord, arrêtez de vérifier l'évolution de votre portefeuille toutes les cinq minutes (faites ça avec votre téléphone). Si vous regardez moins souvent, vous ne verrez pas les valeurs extrêmes. Au lieu de voir combien vous avez perdu entre le plus haut et le plus bas, vous ne verrez que la différence entre assez haut et assez bas ; et comme les variations de cours peuvent être assez rapides, ça peut facilement diviser les pertes par deux. Moins vous regardez les cours, moins vous risquez de voir des pertes. La chute de 40 % de la bourse chinoise devient même un gain de 30 % sur un an (septembre 2014 à août 2015).
Une autre tactique concrète est de ne pas placer trop d'argent en bourse au départ. Si vous avez vingt ou trente ans devant vous, vous pouvez bien prendre un an pour vous échauffer. Au lieu de mettre directement 60 ou 70 % de votre en actions, vous pouvez mettre 10 % au départ, puis 10 % supplémentaires un mois ou deux plus tard, pour ajouter encore 10 % un peu plus tard, et ainsi de suite. En plaçant 10 % de plus en actions tous les deux mois, vous aurez 60 % en actions au bout d'un an. Quand la chute de cours intervient, elle ne vous fait perdre que, mettons, 10 % de 30 % de 10 000 €, soit 300 € (perte qui retombera sans doute vite à 100 ou 200 €). C'est comme un vaccin : le jour où vous perdrez plus, vous serez moins impressionné parce que vous vous serez déjà habitué aux chutes de cours.
septembre 2015