Grands-parents, oncles et tantes vous ont donné de l'argent pour votre bébé qui vient de naître. Vous avez ainsi mille euros pour le nouveau-né. Cet argent sera utilisé dans 16 ou 18 ans pour payer ses études par exemple. Quelle est la meilleure manière possible de le placer ?
Le reflexe de tous les Français serait d'ouvrir un livret d'épargne pour le nouveau-né. Or le livret jeunes ne commence qu'à 12 ans. Et le livret A ne rapportera qu'environ 200 € de pouvoir d'achat sur la durée du placement. Certes l'argent restera disponible à tout moment sur un livret A, mais un nouveau-né n'a guère besoin de faire des retraits, et placer l'argent sur un livret A ne tire pas du tout profit de cette capacité qu'on a à attendre. En matière de placement, le temps c'est de l'argent, parce que pouvoir attendre permet de gagner plus.
Le Plan Épargne Logement (PEL) n'est pas génial si on ne s'en sert pas pour acheter un logement (rarement une priorité à 16 ou 18 ans). Et c'est une catastrophe si on attend plus de dix ou douze ans. Donc le PEL est complètement inadapté pour un placement sur 15–20 ans qui ne sera pas utilisé pour un achat de logement.
Un autre choix possible est l'assurance-vie en euros. (Je la mets avec les livrets d'épargne parce que c'est ce à quoi elle ressemble le plus.) Elle rapporte certes plus qu'un livret A, mais là encore le gain risque d'être un peu décevant, peut-être 400 €.
On peut faire bien mieux que ça si on a plus de 15 ans pour investir l'argent. Pour un placement sur 15 ou 20 ans, on devrait préférer placer l'argent (en partie) en bourse plutôt que de le laisser végéter sur des livrets d'épargne. Le gain de pouvoir d'achat sur un placement de 1 000 € en actions sera en moyenne d'environ 1 500 € (net de prélèvements sociaux mais brut d'impôt sur le revenu).
Et c'est bien là qu'est le principal problème : pour un mineur, il est difficile d'éviter l'impôt sur le revenu. Il faut avoir 18 ans pour ouvrir un plan d'épargne en actions (PEA). Et un compte-titres ordinaire n'aura aucun avantage fiscal, le gain sera donc dans les 1 200 € net d'impôt sur le revenu.
Reste l'assurance-vie en unités de compte. En général, je dirais qu'elle a trop facilement tendance à avoir trop de frais à mon goût. Mais dans le cas d'un nouveau-né, un portefeuille actions–obligations sur une assurance-vie en unités de compte peut être un bon choix, si on fait bien attention à maîtriser les frais (et en vérifiant les contraintes juridiques pour un mineur).
Il n'y a donc pas de placement idéal. Ni l'État ni les banques ne se soucient de la question — tout le monde semble penser que l'argent des jeunes enfants doit forcément aller sur un livret d'épargne. Les parents se rendant compte de l'ineptie d'un tel placement ont des choix limités : il fait rarement bon avoir raison contre la majorité.
août 2015