Les obligations sont des prêts (et des emprunts vues de l'autre côté). Un État ou une entreprise emprunte de l'argent pour financer respectivement son déficit ou son développement. Avec une obligation de 10 000 € à 2 % sur un an, vous prêtez à l'emprunteur 10 000 € et recevrez 10 200 € dans un an, soit le capital augmenté des intérêts. Dans le cas d'une obligation à 2,5 % sur 5 ans, vous toucherez 250 € par an pendant 4 ans, et 10 250 € à la fin de la 5ème année (soit le capital augmenté des intérêts pour cette année-là).
Tels monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, des millions de Français investissent en obligations sans être forcément au courant. En effet, les assurances-vie en euros, le « placement préféré des Français », sont très majoritairement investies en obligations. Nos concitoyens pourraient donc s'écrier, comme le bourgeois gentilhomme de Molière, « Par ma foi ! il y a plus de quarante ans que j'investis en obligations sans que j'en susse rien, et je vous suis le plus obligé du monde de m'avoir appris cela ».
Une entreprise qui émet une obligation est contractuellement obligée (d'où le nom) de payer les intérêts et de rembourser le capital. Il n'y a un risque de perdre de l'argent que si l'entreprise fait faillite. C'est pour ça que les obligations sont notées par les agences de notation : pour évaluer le risque de défaut de paiement.
Avec les États et les entreprises les plus sûrs, le risque de défaut est faible. Mais les obligations grecques ?, me direz-vous. Pour éviter une catastrophe en cas de défaut de paiement, on diversifie. C'est-à-dire qu'au lieu de prêter à un seul emprunteur, on prête à plusieurs centaines d'entre eux — on ne met pas tous ses œufs dans le même panier. Comment ça, si la Grèce ne rembourse pas ses emprunts, au lieu de tout perdre, on ne perd que quelques dixièmes de pourcent du montant investi.
En diversifiant, on peut aisément réduire le risque associé à un défaut de paiement. Le fait que 3 Français sur 5 pensent que les obligations sont plutôt risquées montre donc surtout une méconnaissance de ce que sont les obligations.
Un deuxième risque est l'inflation. Si l'inflation s'envole, alors ce que vous gagnerez en intérêts sera inférieur à ce que vous perdrez à cause de l'inflation (comme ce fut le cas par exemple à la fin des années 70). C'est-à-dire que votre pouvoir d'achat baissera.
Ne sous-estimez pas le risque de l'inflation simplement parce qu'il n'est pas très visible. Si vos arrière-arrière-arrière-grands-parents avaient investi en obligations de l'État français en 1860, leur investissement aurait le même pouvoir d'achat en 1990 : ces obligations n'ont pas rapporté de pouvoir d'achat en 130 ans ! À cause de l'inflation, un placement obligataire (en obligations) peut ne rien rapporter, même en plusieurs décennies. C'est un risque qui existe aussi avec les livrets d'épargne (donc si on pense que les obligations sont risquées à cause de l'inflation, on doit aussi penser que les livrets d'épargne sont risqués).
À ceci deux remèdes : ou bien utiliser des obligations dont le taux est indexé sur l'inflation, ou bien choisir des investissements souffrant moins en cas de hausse de l'inflation (comme l'immobilier ou les actions).
août 2015