Les gens gèrent souvent leur argent de deux manières diamétralement opposées (en même temps). D'un côté il y a l'argent qu'il est hors de question de risquer de perdre, alors ils le mettent sur un livret A ou un compte courant. Et d'un autre côté ils jouent au loto pour essayer de toucher le jackpot.
Si vous cherchez le meilleur placement possible qui ne risque pas de vous faire perdre plus de x %, vous aurez en moyenne un rendement beaucoup plus élevé qu'en jouant x % de votre argent au loto tout en laissant le reste dans un coffre-fort.
En particulier, beaucoup de gens établissent une différence entre différentes sources de revenu. Le salaire et les allocations familiales seront épargnés religieusement, alors qu'un gain au loto ou un héritage seront joyeusement dilapidés ; l'argent a une odeur. Si vous avez économisé 5 000 € et gagné 5 000 € à un tirage au sort, vous avez tout intérêt à oublier la source — vous avez 10 000 € et vous devez décider ce que vous allez faire de ces 10 000 €.
Vous avez choisi d'investir vos 10 000 € dans un portefeuille actions–obligations, avec 2 500 € sur un placement en actions sur un PEA et 7 500 € sur une assurance-vie en euros comme placement obligataire. Cette année, votre PEA vient de perdre 250 € (−10 %) en un an, alors que le contrat en euros a rapporté 270 € (+3,6 %).
Si vous aviez un seul compte (par exemple un fonds unique avec 75 % d'actions et 25 % d'obligations), vous vous diriez que vous avez gagné 20 €. Mais comme vous avez deux comptes, vous voyez deux chiffres, et vous vous dites que le placement en actions était une erreur. Le problème avec cette conclusion est que vous aviez réparti votre argent sur différents actifs justement parce qu'ils ne vont sans doute pas évoluer de la même manière. Il faut donc s'attacher au résultat total — c'est un travail d'équipe. Vous ne devez pas vous focaliser sur le résultat individuel des différents joueurs, mais plutôt regarder le comportement global de votre équipe.
Cette année l'investissement obligataire a compensé la chute des actions. Peut-être que l'année prochaine les actions rapporteront 500 € (+20 %) contre seulement 255 € (+3,4 %) pour l'assurance-vie en euros, soit 755 € de gain (+7,55 %) pour le portefeuille. Une année, les obligations jouent leur rôle en évitant les pertes importantes du portefeuille. Et l'année suivante, les actions jouent le leur en apportant un rendement complètement hors d'atteinte pour une assurance-vie en euros.
Si vous traitez vos différents comptes comme des concurrents entre lesquels vous devez choisir, plutôt que comme les membres d'une même équipe, vous allez très vite abandonner la stratégie initiale qui nécessite la collaboration.
août 2015