Le groupe Trust chantait « Tu bosses toute ta vie pour payer ta pierre tombale » ; mais si une bonne partie de votre argent part dans les poches d'un banquier, vous financez sa retraite plutôt que la vôtre.

Les types de frais

Quand vous investissez dans un fonds, vous ne recevez jamais un rendement brut, ce que vous recevez est net des frais. Et les types de frais sont nombreux. Leur inventaire est digne de Prévert :

1. toujours des frais de gestion annuels ;
2. toujours des frais de transaction chaque fois que le fonds négocie des titres ;
3. parfois des commissions de mouvement (des commissions perçues par le fonds pour ces transactions) ;
4. parfois des frais d'entrée (qu'on paie à l'achat) ;
5. plus rarement des frais de sortie (quand on revend) ;
6. parfois des frais quand le fonds a de bonnes performances (mais en cas de pertes, ne comptez pas vous faire rembourser).

Comme tous ces frais sont proportionnels au capital investi, ou encours, ils sont exprimés en pourcentage. (Parfois, le pourcentage peut varier par tranches selon le montant investi.) Le prospectus simplifié du fonds contient des informations sur les frais (qui peuvent être noyées dans une masse de détails bureaucratico-juridiques pour éviter que le document ne soit trop utile aux investisseurs). Notez que quand on vous annonce la performance d'un fonds sur une certaine période, ça tient compte des frais annuels mais pas des frais d'entrée ni de sortie.

Les frais sont payés sur le montant placé, pas sur les gains (sauf les frais de surperformance, 6) : vous devez payer même si vous perdez de l'argent. Tout cet argent (sauf 2, et une partie de 1) est destiné au gestionnaire du fonds et (ou) à l'intermédiaire qui vous a vendu le fonds. Mais quelle que soit la poche dans laquelle cet argent finit, c'est bien de la vôtre qu'il sort.

Maîtriser les frais

Les frais 1 et 2 sont inévitables, mais ils peuvent être maîtrisés. Les frais 3 et 4 ne sont payés qu'une fois (si vous gardez un fonds dix ans, vous paierez les frais annuels dix fois, mais les frais d'entrée une seule) : pour les investisseurs de long terme, ils sont donc moins importants. Les frais de transactions du fonds (2) sont d'autant plus importants que le gestionnaire décide de souvent acheter et vendre (un fonds passif ne coûtera en revanche presque rien).

Si vous vous adressez à votre banque, vous paierez quelque chose comme 2 % de frais d'entrée puis 2,5 % de frais par an. Sur 10 000 €, vous paierez ainsi 200 € d'entrée de jeu puis 250 € par an, soit 1 450 € en cinq ans. À l'opposé, certains fonds coûtent quelque chose comme 0,25 % à l'achat et 0,2 % par an, pour un total de seulement 125 € en cinq ans — douze fois moins ! Avez-vous souvent l'occasion de gagner plus de 1 300 € juste en faisant preuve de bon sens ?

Il est possible que le fonds de votre banque rapporte plus, mais il faudrait pour ça que le gérant soit vraiment bon, ce dont on ne peut être certain (alors qu'on est sûr de la différence de coût). Le régulateur impose qu'on vous rappelle que vous ne pouvez jamais être sûr qu'un fonds qui a eu de bonnes performances par le passé continuera d'avoir de telles performances à l'avenir, mais il devrait aussi imposer qu'on vous dise qu'il est quasi-certain qu'un fonds qui facture des frais de gestion élevés continuera de le faire.

Pour réduire les frais, il faut 

• choisir un fonds avec des frais annuels (1) bas (viser moins de 0,25 % pour des investissements à l'intérieur de la zone auro, et moins de 0,4–0,5 % en dehors) ;
• choisir un fonds qui va peu faire tourner son portefeuille (2) ;
• choisir un fonds sans commission de mouvement (3) ni de surperformance (6) ;
• éviter d'acheter et de vendre vos fonds inutilement souvent, pour éviter de payer à répétition des frais d'entrée (4) et de sortie (5).

Maintenant que vous connaissez les types de frais qui vous sont facturés, le deuxième volet de cet article, 2. Risquer plus pour gagner moins, va vous démontrer à quel point la réduction des frais est cruciale.

août 2015